Demandes de radiation
Tourisme « La dramatique guerre en Ukraine et l'évolution de la pandémie en Chine auront forcément des conséquences, mais nous sommes confiants sur la poursuite de la dynamique du rebond en Europe et en Amérique », assure Henri Giscard d'Estaing, le PDG du Club Med. Au deuxième semestre de 2021, l'activité du groupe a très fortement rebondi, même si elle est restée en retrait de 23 % par rapport à la même période de 2019, à cause d'une activité encore très ralentie en Asie (12,5 % de l'activité).
La pandémie de Covid-19 avait fait perdre au Club Med 2 milliards d'euros de volume d'affaires en 2020 et 2021, plonger dans le rouge et tripler sa dette, à 600 millions d'euros. Pour survivre, le groupe a réalisé 500 millions d'économies de coûts fixes en deux ans, divisé de moitié ses investissements, négocié des baisses de loyer avec les propriétaires de ses resorts et retardé beaucoup de projets.
Il a aussi obtenu une aide de 25 millions d'euros de l'État français et un soutien de son propriétaire, le groupe chinois Fosun, afin de ramener sa dette à 490 millions, « un niveau supportable pour les années à venir ».
Les Joyview ouverts
Club Med espère clore bientôt cette période noire. « En dehors d'Asie, nous visons au premier semestre de 2022 un retour à notre niveau d'activité de 2019, que nous espérons dépasser significativement sur la deuxième partie de l'année, confie Henri Giscard d'Estaing. En Asie, nous devrions retrouver le niveau prépandémie fin 2022. Au niveau global, nous ambitionnons de retrouver cette année notre niveau de résultat opérationnel de 2019. »
Cette année-là, le groupe avait réalisé 1,7 milliard d'euros de volume d'affaires et un excédent brut d'exploitation (Ebitda) de 295 millions.
À cause de la vague Omicron, les trois Club Med de Chine sont certes fermés depuis mi-mars. Mais ils devraient rouvrir fin mai, et les trois Joyview (des resorts de week-end installés à proximité des mégapoles de Shanghaï, Pékin et Hangzhou) sont, eux, toujours en activité. Surtout, en Asie du Sud- Est, les villages accueillent de nouveau des voyageurs après deux ans de fermeture. Ceux de Phuket (Thaïlande) et Bintan (au large de Singapour) ont rouvert le 11 mars, et celui de Bali fera de même début juin.
« Pour les réservations au Club Med, les marchés de Singapour et de Malaisie ont retrouvé leur niveau d'avant-crise, et celui d'Australie est en plein redémarrage, assure le patron du Club Med. C'est la preuve que, dès que les voyages sont possibles grâce à la réouverture des frontières, nous profitons du phénomène de "revenge travel". » Certes, les Club Med d'Asie souffrent encore de l'absence des voyageurs chinois, qui constituaient 25 % de la fréquentation avant la pandémie et ne sont toujours pas autorisés à quitter leur pays. Mais, au Japon comme en Malaisie, les villages compensent une partie de cette perte par une hausse de fréquentation de la clientèle locale, qui se reporte sur des voyages domestiques faute de pouvoir partir à l'étranger. Au Japon, le gouvernement a mis en place des subventions pour permettre aux familles de voyager à l'intérieur de l'archipel.
« La crise sanitaire nous a incités à faire évoluer notre stratégie, précise Henri Giscard d'Estaing.
Depuis des années, nous avions une approche globale, destinée à attirer dans nos clubs des familles venues de tous les pays à l'occasion des vacances scolaires. Désormais, nous nous appuyons également davantage sur la clientèle locale tout au long de l'année. Nous allons intégrer cette approche "glocale" dans le choix de nos implantations futures. En Afrique du Sud, nous ouvrirons dans trois ans, mais nous travaillons déjà la clientèle locale. »
Adaptation au télétravail
Le groupe s'est aussi adapté à la mode du télétravail et mise désormais sur les voyages hybrides, où les parents mixent vacances et travail. Les nouveaux forfaits Wi-Fi premium et les zones « zen », où la piscine est réservée aux adultes, rencontrent ainsi un grand succès.
Fort de son inflexion stratégique et de la perspective de reprise des voyages, Club Med reste très optimiste pour l'avenir, d'autant qu'il a réussi à protéger son développement malgré la crise. « Grâce à nos performances en termes de fréquentation avant la pandémie, nous avons convaincu nos partenaires de continuer à investir pour ouvrir de nouveaux clubs », explique le patron.
Quatre nouveaux villages ont ainsi ouvert l'an passé, et le groupe vient de présenter un plan pour ouvrir 17 clubs d'ici fin 2024. « Nos priorités sont d'ouvrir un à deux clubs à la montagne par an et de développer notre offre Exclusive collection, qui pourrait représenter 10 % de notre offre », résume Henri Giscard d'Estaing. Cet hiver, Club Med inaugurera son quatrième village en Chine, un troisième au Japon et un club Exclusive collection à Val d'Isère. En 2024, le groupe débarquera aux États-Unis, avec un club dans l'Utah.
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